« Sans transition… »

J’ai longtemps hésité à publier cet article. En effet, alors que je venais de finir la lecture de Sans transition…, l’autobiographie de Christophe Dechavanne, en début d’année 2025, l’animateur a été condamné après avoir été contrôlé positif à la cocaïne au volant, ce qui l’a conduit (ou l’a contraint) à se mettre en retrait des émissions dans lesquelles il intervenait, dont la très bonne émission Quelle époque ! sur France 2.

Alors oui, je me suis demandé s’il était pertinent de recommander ce livre et d’en faire un livre « inspirant » dans ce contexte… Mais finalement, je pense que oui. Parce que lire une autobiographie, ce n’est pas forcément encenser un personnage, c’est chercher à comprendre une trajectoire. D’ailleurs, ce n’est pas Christophe Dechavanne que je trouve inspirant ici, mais son histoire et son parcours de vie. Ce récit éclaire le système médiatique, les fragilités humaines et la complexité de l’homme public. Quant à la drogue, il l’aborde sans tabou dans ce livre… publié avant cette condamnation. Une preuve qu’on n’est jamais totalement guéri et qu’une rechute peut survenir à tout moment. Cela ne rend pas pour autant excusable le fait de prendre le volant sous influence — mais cela replace l’histoire et l’homme dans toute sa complexité.


Un parcours hors norme que rien ne prédestinait à devenir roi de la télé

Dans Sans transition…, Christophe Dechavanne retrace avec honnêteté son itinéraire, de son enfance à Montmartre jusqu’à sa consécration dans le PAF (paysage audiovisuel français). Le livre est construit en courts — parfois très courts ! — chapitres dynamiques qui nous font voyager dans sa vie avec une certaine énergie, à son image.

On y découvre un jeune homme curieux, vif, touche-à-tout, qui a su se réinventer et se remettre en question à plusieurs reprises, malgré les hauts et les bas. L’époque incroyable de Ciel, mon mardi !, les formats novateurs qu’il a proposés, sa passion pour le sport automobile, les périodes de silence, les moments de doute… Dechavanne dit tout, sans filtre.


Un style à son image : franc, sincère et fougueux

L’écriture est directe, parfois crue, souvent drôle, mais toujours sincère. Ce n’est pas de la grande littérature, mais ce n’est pas le but : on sent que l’homme parle avec ses mots, sans fard. Il ne se ménage pas et ne cherche pas non plus à régler des comptes gratuitement. C’est un exercice de lucidité, de vulnérabilité même.

On y retrouve la gouaille et le franc-parler qui ont fait sa marque à la télé. C’est fluide, rythmé, et difficile à lâcher. On passe d’un sujet à l’autre… sans réelle transition (le titre viendrait-il de là ? 😊), mais avec toujours ce style énergique qui le caractérise.


Moments marquants : confidences, douleurs et coulisses de la télé

Certaines pages sont très émouvantes, notamment lorsqu’il parle de ses blessures personnelles, de ses relations familiales ou de ses échecs professionnels. Il évoque aussi avec franchise son rapport aux addictions, les rendez-vous manqués, la solitude parfois masquée par la lumière des projecteurs.

Les coulisses du monde télévisuel sont décrites avec précision : ego, compétitions, pressions, jeux de pouvoir… Il livre aussi de nombreuses anecdotes savoureuses sur ses invités, ses collègues et les émissions cultes qui ont marqué le paysage audiovisuel français.


Un livre inspirant, malgré les zones d’ombre

Oui, Christophe Dechavanne a dérapé. Et non, cela ne rend pas son témoignage moins intéressant. Au contraire : cela lui donne une nouvelle lecture. Celle d’un homme imparfait, médiatisé, exposé, qui a tenté de faire le point sur sa vie dans un livre sincère, qui semblait apaisé dans l’âge de raison… et pourtant… Quelques semaines après sa sortie, on apprenait cette condamnation. Il a fait appel, et à ce jour il me semble que l’instruction est toujours en cours.

Sans transition… est une opportunité pour tous ceux qui s’interrogent sur la célébrité, les mécanismes du succès, les coulisses de la télévision, et les luttes intérieures qu’on mène loin des projecteurs, parfois de manière un peu déconcertante (suffirait-il parfois de crier le plus fort pour être entendu ?).

C’est pourquoi je recommande ce livre non pas pour excuser, mais pour comprendre. Pour poser un regard plus nuancé sur un homme qui a tant diverti, agacé, surpris. J’ai le sentiment que Dechavanne fait partie de ces personnalités clivantes : soit on l’adore, soit on le déteste. Cette autobiographie nous donne quelques clés pour tenter de comprendre les raisons de ce clivage.


Pour conclure

Si vous aimez les parcours non linéaires, les plongées dans les coulisses des médias et les témoignages sans filtre, ce livre peut vous parler. Il m’a interpellé, parfois ému, souvent fait sourire. Et c’est déjà beaucoup.

Et en plus, si vous êtes de ceux qui ont vécu ces années un peu folles de la télévision, où l’on pouvait tout tenter, ou presque, où les émissions en direct pouvaient à tout moment déraper pour le plus grand bonheur des téléspectateurs… et si Patrice Carmouze, Sophie Favier, Bernard Bilis ou Pierre Bellemare vous manquent, ce livre vous apportera une douce nostalgie de cet âge d’or de la télévision.

Bonne lecture à vous !

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